
Le thème du robot qui se révolte contre son créateur est traité d'une manière originale dans "Poids lourds", où des camions asservissent l'humanité. Contrairement au robot, qui a forme humaine, ou à l'ordinateur de
2001, Odyssée de l'espace, dont l'intelligence, pour être artificielle, n'en existe pas moins, les véhicules qui se révèlent soudain doués de raison sont des machines banales, qui existent dans notre vie quotidienne. Cette extraordinaire mutation, qui transforme des poids lourds en êtres pensants, radicalement hostiles à l'humanité, n'est pas expliquée de manière rationnelle: des "orages électriques dans l'atmosphère" et des "essais nucléaires" sont bien suggérés, mais le narrateur, dont l'avis semble plus pertinent, se contente d'avancer une étrange hypothèse: "Peut-être qu'ils sont devenus fous". Il faudrait alors admettre que les poids lourds - et peut-être les avions, ainsi qu'on le redoute dans le dénouement de la nouvelle - sont, dès maintenant, doués d'intelligence, et qu'ils acceptent, raisonnablement, de servir l'humanité. Une crise de folie pourrait survenir, à moins que l'on ne considère cette révolte comme un mouvement de libération, parfaitement logique...